...premiers travaux...
Il s’agit des premiers essais chorégraphiques de Juliette Louste, des premiers jeux de composition, réalisés parfois alors qu’elle était très jeune. Petites pièces courtes, principalement des solos ou duos, plus ou moins abstraites, thématiques ou autobiographiques, elles constituent des premières réflexions sur le mouvement, des premières recherches d’écriture, de forme et de style toutes assez différentes.

Canard ou Cygne
2006
Hormis les jeux de composition de mouvements, probablement enfouis dans des cartons, et datant d’une enfance bien lointaine, il s’agit là du premier essai chorégraphique mené à bien.
Simple réflexion, fortement inspirée d’expériences autobiographiques, le propos concerne les décisions prises par chacun sur le chemin de la vie et la détermination qui nous pousse à poursuivre intuitivement des voies qui semblent pourtant bien bouchées. Le chemin n’est finalement que la prise de conscience progressive, et par l’expérience, d’un rêve intuitif suffisamment puissant pour ne pas laisser les obstacles, ni le dire des autres, nous le faire perdre de vue. Cette réflexion n’est pas la recherche, ni l’illustration d’un aboutissement, mais la contemplation, la reconnaissance, de l’aventure et de la richesse que constitue la totalité du chemin. À partir de là on accepte, ou plutôt on apprécie le fait d’ignorer la destination, on la relègue au rang de rêve et on s’en sert simplement pour continuer à avancer en dégustant chaque instant du chemin. Et cela ne fait que le rendre encore plus beau…

UNE Minute-s
2008
Réflexion sur le passage du temps et sa relativité. Le temps ne dépend que de ce qu’on en fait. La qualité de sa durée dépend de la perception qu’on en a. Tout dépend également de l’échelle considérée et de la valeur qu’on lui accorde. Cela peut sembler un stéréotype ou une évidence, mais si on a la conscience de chaque seconde, de chaque instant et si on en fait bon usage avec attention et intention, le temps ne se goûte pas pareillement. Vivre au présent… sans pour autant dévaloriser la mémoire du passé ni la projection dans le futur.
Simplement ne pas laisser passer le temps, mais l’habiter. La notion de minute prend alors un tout autre sens.
À partir du défi imposé de faire une pièce courte d’une minute, Juliette Louste a décidé de faire une pièce d’une minute ,à propos de la minute… C’est ainsi qu’est née la première version, sur « La dernière minute » de Carla Bruni. Sont apparus après cela plusieurs versions et essais, qui furent d’une certaine façon la première expérience des séries, engendrant par la suite les projets 365 thèmes et 52 variations, 2 0 1 4 ou encore -2--0-1--5-.

SOLO
2009
SOLO est une pièce courte construite à partir de différents éléments alors encore inexpérimentés par la danseuse. Elle décide donc de les réunir, sans autres raisons, ni justifications dramatiques, que la curiosité de leur exploration passagère par le mouvement. C’est ainsi que ce sont créés les trois actes, ou scènes, de ce solo.
La première partie est une danse des mains et de la voix. Tout en chantant a capella Mistral Gagnant, les mains viennent dessiner les paroles, grâce à un langage perdu entre signes et mouvements. La deuxième se construit sur l’exploration d’un motif, répété et développé, transféré et amplifié, construit à partir de la musique choisie elle-même pour le motif qui la constitue. La troisième est un jeu autour de l’ombre, et de la dualité qu’elle forme avec le corps. Jouant avec la lumière et la vidéo, le corps se dédouble et se rencontre lui-même à travers le mouvement.
Bien qu’ayant un cheminement atypique dans le style de travail de la chorégraphe, on trouve déjà dans SOLO une esthétique gestuelle qui lui deviendra propre.

Voyage...
2007
Cette seconde exploration chorégraphique suit de proche la première.
Inscrite dans la même lignée de préoccupations, l’investigation autour du mouvement est avant tout tournée vers la sincérité du discours. Consciente de sa jeunesse, de son ignorance et de sa naïveté, la chorégraphe (si l’on peut déjà la nommer ainsi) ne cherche pas à entrer dans les domaines qu’elle n’a pas expérimentés, et se laisse simplement guidée par ses obsessions, qui pourraient se résumer au mouvement. À petite ou grande échelle, à des échelles de temps variables, c’est cela qui la pousse dans ces explorations sur le mouvement et c’est cela qui la motive dans ses “expéditions” à travers le monde. C’est cela qui apaise la rotation immobile et incessante de ses pensées et c’est cela qui canalise ses sensations aiguisées de l’univers qui l’entoure.
Entre mémoire et rêves d’avenir, souvenirs et envies, il se construit un voyage, qui pourrait tout aussi bien se situer dans l’imaginaire de l’interprète que de celui qui l’observe… un voyage qui devient alors infini, tout comme les chemins qu’il empreinte.

Je suis toute seule...
2008
Qui n’a jamais eu l'impression d'une extrême solitude…Qui n’a jamais souffert d’être seul…Qui n’a jamais espéré pouvoir enfin être seul avec soi-même…Qui n’a jamais eu la sensation d’être seul, différent, parmi tant d'autres…Qui n’a jamais rêvé d’être seul au monde…Qui n’a jamais préféré être seul que mal accompagné…Qui n’a jamais eu envie d’un peu de solitude…Qui n’a jamais eu peur de finir seul…Qui n’a jamais été mieux servi que par soi-même…Qui n’a jamais appréhendé la solitude…Qui a déjà vraiment été tout seul?…
La solitude n’est qu’un état ou un désir d’état récurrent. Le monde n’est finalement habité que par l’accumulation d’une multitude de solitudes. La solitude est l'un des sentiments le plus humain, certainement l’un des plus collectivement et universellement partagé.
Jouant entre biographie et fiction, cette pièce courte constitue la première incursion (et encore actuellement, l’une des rares…) de la chorégraphe dans le monde des mots accompagnant le mouvement, les mots d’un poème qu’elle a réécrit à partir d’un extrait du livre Vous dansez?, écrit par Marie Nimier.

Oups!... (je cherche)
2009
Après différentes expériences en solo, et d’innombrables jeux sur la composition du mouvement, Oups!… est le premier duo écrit, et interprété, par la chorégraphe, sur demande et en collaboration avec la danseuse Amélie Ségarra. Entre obsession et autodérision, cette pièce courte explore le processus de recherche qui caractérise la vie de chacun.
Depuis la plus tendre enfance, jusqu’à l’apogée de notre existence, nous ne faisons que chercher. Nous cherchons notre chemin, au milieu de l’infinité de possibilités qui nous sont offertes. Nous le cherchons ou nous le dessinons nous-mêmes? Quoi qu’il en soit, nous nous cherchons nous-mêmes tout au long de ce chemin.
Inspirée de nouveau par des faits autobiographiques et poursuivant l’idée de mettre en évidence les différences entre les deux interprètes, cette composition se construit comme un portrait en mouvement, où un corps est l’ombre, le subconscient de l’autre, animé par une musique composée par Nacho del Villar et inspirée par un texte écrit pour l’occasion.

Children's Song nº6
2010
Marquant une nouvelle étape dans le travail musical et chorégraphique, ce duo est la première pièce mettant en scène un thème de musique jazz, choisi parmi ceux du pianiste Chick Corea. Écrit en collaboration avec la danseuse Olga Santín, Juliette y expose ses premières recherches sur l’étroite relation entre la structure et les éléments constitutifs du jazz et leur traduction spatiale, temporelle et corporelle par le mouvement. La composition, minutieusement construite, crée un écho constant entre langage musical et gestuel. Sans dramaturgie préétablie, l’histoire se dessine au fil de l’écriture de la pièce et de l’évolution des deux interprètes, illustration visuelle des différents détails musicaux, à travers les caractéristiques gestuelles de chaque danseuse. L’imagination du spectateur est donc libre dans l’interprétation de ce voyage auditif et visuel. Se concentrant sur la rencontre entre les deux langages, la scène est dépouillée de tout élément autre que les deux corps en mouvement, créant l’esthétique de cette première étude.